Il est dit au Japon qu’au Commencement étaient non pas un, mais deux dieux – Izanagi l’homme et Izanami la femme – car dans ce pays qui pose une histoire de coeur au départ de tout, la seule chose importante c’est d’aller à la rencontre de l’autre. Que l’autre soit mâle, femelle, végétal, animal, dieu, étoile ou fantôme, peu importe. Aucun être ne peut s’accomplir sans avoir poursuivi, sur la trace des dieux, cette quête vers l’inconnu(e).
Dans la Genèse japonaise, donc, le monde n’advient pas par la parole. Il est le résultat d’un acte d’amour entre deux êtres qui, préalablement, tournent autour d’un poteau pour mimer la première rencontre : « Oh quel beau jeune homme », s’exclame Izanami en simulant la surprise. « Oh quelle belle jeune fille », s’exclame le dieu Izanagi, qui lui renvoit l’image en miroir du coup de foudre… Après quoi, les amoureux mythiques procèdent aux multiples étreintes qui donnent naissance à ce qui existe, y compris les êtres humains, tous issus de ce désir qui a porté la première femme vers le premier homme.
Le corpus des histoires d’amour au Japon est énorme. Des miliers de comédies et de drames romantiques dont sont faits les pièces de théâtre, les contes, les films, les épopées, les mangas, les chants populaires, les danses ou les mythes anciens, voici maintenant une palette significative, décryptée et commentée par des artistes, des anthropologues ou des historiens.
Comment comprendre que l’amour au Japon soit si souvent marqué par le suicide ou l’échec sanglant ? Pourquoi voue-t-on un culte aux êtres qui sont morts sans avoir pu s’aimer ? Quelle logique préside encore de nos jours au choix d’une prostituée comme âme-soeur ?
Dans cet ouvrage qui recense les cent histoires d’amour les plus connues du Japon, Abe Sada, coupable d’avoir étranglé puis émasculé son amant, rejoint la fille du dragon qui, en l’an 4 après Jésus Christ, tomba amoureuse d’un jeune et beau pêcheur d’Urashima. Narukami qui avait fait voeu de chasteté succombe aux attraits d’une princesse-espionne, tout comme le dieu des chemins avant lui succomba à l’appel de ses sens… L’histoire des 47 ronins qui vengèrent leur maître défunt dévoile l’envers de son décor. Le fantôme défiguré de Kasane se dresse à travers les mille et une versions de son histoire. Le petit chat trahit sans fin sa maîtresse et les beaux samourai volettent l’un après l’autre sous forme de papillons… Entrez dans la danse de ces désirs croisés qui reflètent, chacun, une parcelle du nihon no kokoro : “le coeur du Japon”.
Prix a titre indicatif : 45 € Ajout par agnes fait le 2013-05-28 dans la catégorie : Littérature étrangère