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Dans l'eau que je puise
scintille le début
du printemps
Haiku : Ringaï (Munier)
Biographie
Roland Barthes

Roland Barthes naît en 1915 à Cherbourg. Très tôt orphelin de père, il passe son enfance à Bayonne, puis à Paris, où il étudie au lycée Montaigne puis au lycée Louis-le-Grand. Convalescent , il obtient le baccalauréat en 1935. Il s'inscrit en lettres classiques à la faculté des lettres de l'université de Paris, où il contribue à fonder le « Groupe de théâtre antique de la Sorbonne » et obtient la licence ès-lettres en 1939 (certificats d'études grecques, d'études latines, de littérature française et d'histoire de la philosophie). Réformé, il échappe à la mobilisation, arrête ses études et devient délégué rectoral au lycée de Biarritz (1939-1940), puis aux lycées Voltaire et Buffon de Paris (1940-1941). Il obtient également en 1941 le diplôme d'études supérieures avec un mémoire sur la tragédie grecque. Touché par la tuberculose, il séjourne longuement en sanatorium, en France et en Suisse. Il y mène une vie intellectuelle riche, fait des rencontres déterminantes (dont celle de Georges Fournié) et fait des lectures fondamentales (Marx, Michelet, Sartre). Il publie ses premiers textes. Il obtient en 1943 le certificat de grammaire et philosophie ce qui lui permet de transformer sa licence en licence d'enseignement. En 1947, il publie dans Combat les premiers des textes qui constitueront Le Degré zéro de l'écriture. Commence aussi une vie de séjours professionnels à l'étranger : Bucarest, Alexandrie (où il rencontre Greimas et où il s'initie à la linguistique); il séjourne aussi au Maroc plusieurs fois à partir de 1963 (il enseigne à Rabat en 1969-1970). En 1952, de retour à Paris où il travaille au Ministère des Affaires étrangères, il publie « Le monde où l'on catche » dans la revue Esprit puis poursuivit ses « Petites mythologies du mois » dans Combat et dans la revue de Maurice Nadeau, Les Lettres nouvelles. Ces courts textes le font connaître d'un vaste public et sont réunis en un seul volume en 1957. Mais son premier essai, Le Degré zéro de l'écriture, paru en 1953, est rapidement considéré comme le manifeste d'une nouvelle critique soucieuse de la logique immanente du texte. À cette époque, le théâtre l'intéresse particulièrement. Il participe à la création de Communications et collabore à Tel Quel. En 1962, il entre avec Michel Foucault et Michel Deguy au premier « Conseil de rédaction » de la revue Critique auprès de Jean Piel qui reprend la direction de la revue après la mort de Georges Bataille. Stagiaire de recherche du CNRS de 1953 à 1954, puis attaché de recherche de 1956 à 1960, il devient ensuite chef de travaux à la VIe section de l'École pratique des hautes études puis directeur d'études en 1962 — ses premiers séminaires portent sur le thème « Inventaire des systèmes de signification contemporains » et débouchent sur ses Éléments de sémiologie (1965) et le Système de la mode (1967) — en 1971 il est professeur invité à l'Université de Genève, Roland Barthes occupe la chaire de sémiologie du Collège de France de 1977 à 1980. En 1966, il participe à la Querelle de la nouvelle critique en répondant à Raymond Picard par son livre Critique et vérité. Le début des années 1970 est une période de publication intense, qui le voit s'éloigner du formalisme structuraliste et opter pour une subjectivité plus assumée, avec L’empire des signes (1970), S/Z (1970), Sade, Fourier, Loyola (1971), Nouveaux essais critiques (1972), suivis par son Roland Barthes par Roland Barthes (1975) et ses Fragments d’un discours amoureux (1977). C'est également l'époque de la reconnaissance : Tel Quel (1971) et L'Arc (1973) lui consacrent des numéros spéciaux et une décade est organisée sur son œuvre à Cerisy-la-Salle (1977). Il incarne William Makepeace Thackeray dans le film d'André Téchiné Les Sœurs Brontë (1979). Fauché par la camionnette d'une entreprise de blanchissage alors qu'il se rend au Collège de France, le 25 février 1980, Barthes meurt des suites de cet accident le 26 mars suivant à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Son journal a été publié de manière posthume. Son homosexualité y est évoquée. Roland Barthes est en outre le modèle d'un des personnages d'André Téchiné, Romain, interprété par Philippe Noiret dans le film J'embrasse pas (1991).
L'empire des signes
Roland Barthes

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D’un voyage au Japon, en 1970, Roland Barthes a rapporté un livre somptueux, à l’écriture ciselée et aux illustrations précieuses : L’Empire des signes. Un livre sur le Japon ? Barthes n’a pas cette prétention, trop sceptique quant à la capacité de l’Occidental à appréhender la réalité asiatique sans toujours « acclimater notre inconnaissance par des langages connus ». Ce qui l’intéresse, à partir de traits observés dans la rue, dans le théâtre, le graphisme, la nourriture, sur les visages, c’est de « flatter l’idée d’un système symbolique inouï, entièrement dépris du nôtre. » L’Empire des signes procure un dépaysement mental enthousiasmant. Pour qui aime la cuisine japonaise, lire L’Empire des signes s’il ne se trouve pas un sushi-bar dans un rayon de dix kilomètres relève de la torture. C’est même dangereux : on risque tout simplement la noyade par hypersalivation. Dans le Robert, il est dit que Roland Barthes « récuse la tentation de “scientificité” pour exalter la jouissance que le texte fait éprouver au lecteur, l’effet de “co-existence” qui en résulte et la “saveur” humaine, plus précieuse que le “savoir” même ». N’exagérons rien, cependant : L’Empire des signes ne se lit pas comme un numéro de Cuisine gourmande. Loin de là. Mais cela en vaut la peine. Même quand on a l’impression de ne rien capter, il reste toujours cette part de l’écriture de Barthes qui - comme celle de Jacques Berque, peut-être - parle directement aux sens, à un sixième sens qui serait une intelligence obscure, proche de l’inconscient. Ce livre est une merveille, illustré de documents précieux, photos et dessins (dont certains rapportés par l’écrivain-voyageur suisse Nicolas Bouvier, grand arpenteur de l’Asie, mort au début de l’année 1998), notes manuscrites, calligraphie... (JPG)Barthes prévient d’entrée : ceci n’est pas un livre sur le Japon. Il se méfie trop, il n’est pas assez dupe : « Il faudrait faire un jour l’histoire de notre propre obscurité, manifester la compacité de notre narcissisme, recenser le long des siècles les quelques appels de différence que nous avons pu parfois entendre, les récupérations idéologiques qui ont immanquablement suivi et qui consistent à toujours acclimater notre inconnaissance de l’Asie grâce à des langages connus (l’Orient de Voltaire, de la Revue Asiatique, de Loti ou d’Air France). » Leur aspiration au dépaysement a souvent conduit les voyageurs occidentaux à faire violence aux pays visités, en plaquant leurs fantasmes sur la réalité locale. Leur quête, affirme Barthes, n’en reste pas moins légitime. Et si la solution consistait simplement à la dissocier d’un compte-rendu de la réalité ? De ne pas prétendre décrire les pays visités, mais simplement l’alchimie qui s’opère dans l’esprit du voyageur ? « L’auteur n’a jamais, en aucun sens, photographié le Japon. Ce serait plutôt le contraire : le Japon l’a étoilé d’éclairs multiples, ou mieux encore : le Japon l’a mis en situation d’écriture. » Barthes poursuit, lucide et honnête : « L’Orient et l’Occident ne peuvent donc être pris ici comme des “réalités”, que l’on essaierait d’approcher et d’opposer historiquement, philosophiquement, culturellement, politiquement. Je ne regarde pas amoureusement vers une essence orientale, l’Orient m’est indifférent, il me fournit seulement une réserve de traits dont la mise en batterie, le jeu inventé, me permettent de “flatter” l’idée d’un système symbolique inouï, entièrement dépris du nôtre. » Quête de sens Ces traits, il les prend dans les faits les plus banals, les plus quotidiens : la langue, la nourriture, l’agencement de la ville -Tokyo-, le graphisme, le théâtre, les usages, les caractéristiques et l’expression des visages... Il en extrait un sens aussi riche que le jus d’une orange bien mûre. De la cuisine, il célèbre l’esthétique, le raffinement, la vitalité aérienne, la part belle laissée au choix et à la créativité de chacun. Un chapitre s’intitule « La nourriture décentrée ». Extrait : « Entièrement visuelle (pensée, concertée, maniée pour la vue, et même pour une vue de peintre, de graphiste), la nourriture dit par là qu’elle n’est pas profonde : la substance comestible est sans cœur précieux, sans force enfouie, sans secret vital : aucun plat japonais n’est pourvu d’un centre (centre alimentaire impliqué chez nous par le rite qui consiste à ordonner le repas, à entourer ou à napper les mets) ; tout y est ornement d’un autre ornement : d’abord parce que sur la table, sur le plateau, la nourriture n’est jamais qu’une collection de fragments, dont aucun n’apparaît privilégié par un ordre d’ingestion : manger n’est pas respecter un menu (un itinéraire de plats), mais prélever, d’une touche légère de la baguette, tantôt une couleur, tantôt une autre, au gré d’une sorte d’inspiration qui apparaît dans sa lenteur comme l’accompagnement détaché, indirect, de la conversation (...). » La périphérie dépayse. On vous l’avait dit.

Prix a titre indicatif : 10 €
Ajout par admin fait le 2010-01-21 dans la catégorie : Ésotérisme et spiritualité
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